Portrait Chantal Mathy

Mon travail en bref…

Mon rôle principal à l’INAMI consiste à définir, en collaboration avec différents partenaires, le financement des remboursements, principalement dans deux domaines de référence : les maladies rares et la génétique. D’autres collègues médecins s’occupent d’autres domaines.

Maintenir les dépenses, dans un cadre budgétaire défini, tout en rémunérant au meilleur prix les prestataires de soins.
Prenons l’exemple de la génétique. C’est un domaine en expansion. La médecine se base en effet de plus en plus sur l’analyse de l’ADN, notamment en oncologie ou pour les maladies rares. Il s’agit en effet d’une autre manière de détecter les pathologies, leur origine et d’améliorer la prise en charge.

On observe dans ce domaine une explosion des budgets. Notre mission est de maintenir les dépenses dans ce domaine (et dans les autres dont s’occupe l’INAMI) dans un cadre budgétaire défini, tout en rémunérant au meilleur prix les prestataires de soin.

Pour définir ou revoir ce cadre, nous nous réunissons au moins 1x par an en conseil d’accord, composé de représentants des centres agréés de génétique, de membres du comité technique médical, du Comité de l’Assurance, etc.

Se pose entre autres la question de tests à passer pour identifier une maladie génétique ou définir un risque héréditaire : en fonction de la fréquence des cas, des tests peuvent être faits dans le cadre de la nomenclature, dans des centres spécialisés reconnus en Belgique, ou parfois à l’étranger.

Lors de ces conseils d’accord, nous émettons des propositions basées sur l’analyse de l’actuariat qui se charge de l’aspect budgétaire (quel impact ces tests auront-ils sur le budget ?). S’ensuivent des négociations qui reçoivent ensuite (ou pas) l’approbation des organes de décision.

Travailler à des dossiers qui ont un impact pour les citoyens

Cela fait 4 ans que je travaille sur la thématique des maladies très rares. Un plan national a été défini en 2014 avec de nombreuses actions qui permettront notamment de meilleurs diagnostics et suivis. Nous attendons actuellement qu’un arrêté royal important soit signé.
Le but de ce projet était de définir quels tests sont nécessaires pour avoir un diagnostic et un suivi corrects pour des maladies très rares, tests jusqu’à présent trop peu ou mal remboursés, ce qui impliquait un coût important pour les patients. Nous avons identifié 210 analyses nécessaires, dont 70 prioritaires. Certaines analyses sont suffisamment fréquentes pour obtenir un code de nomenclature, ce qui signifie que tous les laboratoires avec qui nous avons une convention pourront facturer ces analyses. D’autres, plus rares, doivent être réservées à quelques laboratoires spécifiques pour garantir la qualité des tests. Des prestations que les mutuelles pourront donc rembourser. Ce qui a un impact direct pour les citoyens.

Un autre exemple de dossiers dans lesquels j’ai été impliquée est le dépistage néonatal de la mucoviscidose. Cette action préventive, financée en partie par les entités fédérées et en partie par l’État fédéral, est effectuée lors des premiers jours de vie du nourrisson, depuis le 1er janvier 2019. Le diagnostic, qui auparavant avait lieu vers 5-6 mois de vie, est désormais posé beaucoup plus tôt et a un impact réel sur le développement des enfants et sur leur qualité de vie.

Comment en est-on arrivé là ? C’est le résultat de nombreux contacts et négociations, mais aussi d’un gros travail technique. Des contacts avec les pédiatres, bien sûr, qui ont confirmé la nécessité d’un dépistage précoce de cette maladie. De nombreuses réunions en groupes de travail interministériels aussi. Notre rôle est en effet de voir qui va prendre quoi en charge (communautés / fédéral) et d’adapter la nomenclature en conséquence. Dans ce cas, le test de sueur a été revalorisé et redéfini, car il concerne à présent les très jeunes bébés.

Pour faire mon travail, il est important que je sois médecin

Je prépare bien sûr toutes ces réunions auxquelles je participe, notamment en faisant de nombreuses recherches. Nous faisons évidemment confiance aux acteurs de terrain mais notre approche doit être différente, en prenant en compte de nombreux éléments.  L’intervention de l’assurance se base sur des éléments scientifiques, la reconnaissance par un grand nombre d’experts de la qualité des prestations et l’étude de très nombreux cas (« evidence-based medicine »). Ceci pose toutefois problème dans le cadre des maladies rares, notamment, où la littérature n’existe pas ou peu. Je cherche alors ce qui existe au niveau européen, voire mondial. Et pour comprendre les subtilités de cette littérature (et ce qui est prescrit, par exemple), il est important d’être médecin.

« Être utile différemment pour les patients »

Pédopsychiatre de formation, j’ai travaillé pendant 30 ans sur le terrain et ai rejoint l’INAMI en 2016. Je me suis posé cette question à un moment de ma carrière : « ne pourrais-je pas être utile différemment pour les patients ? »
Ma connaissance des préoccupations du terrain m’aide beaucoup dans mon travail quotidien.
Les demandes d’augmentation d’honoraires sont légitimes, par exemple, et les médecins aimeraient bien que ça aille plus vite. À l’INAMI, je prends conscience des implications importantes que cela peut avoir. Nous devons essayer d’être les plus justes. Je comprends bien cette tension qui peut exister entre les prestataires de soins et l’INAMI.
Par ailleurs, je reste en contact avec les préoccupations et questions des citoyens. Je dois régulièrement donner aux autres services concernés des éléments de réponse pour la presse, notre ministre….

De nombreux avantages à être médecin à l’INAMI

  • la vision globale sur la politique et le système des soins de santé en Belgique ;
  • l’intérêt du travail varié, une autre manière d’aborder la médecine qui est aussi très riche ;
  • le contact avec les évolutions médicales récentes et la formation permanente ;
  • l’ouverture aux questions posées par d’autres médecins, qui nous oblige à toujours être en éveil ;
  • le rôle important d’intermédiaire que nous jouons entre les médecins sur le terrain et l’administration ;
  • l’impression d’être un acteur important des soins de santé.
Une autre façon d’utiliser sa formation de médecin pour le bien des citoyens...

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