Un autre monde
J’ai déjà fait un joli bout de chemin à la Justice, parmi les soins. Il faut dire que je travaille ici depuis 1999 déjà. Avant cela, j’étais active en tant qu’infirmière à domicile à Louvain, mais j’avais envie de passer à autre chose, dans une voie qui me passionnerait davantage. Quand les groupes d’infirmières à domicile à Louvain se sont vu proposer de commencer en tant qu’infirmière au sein de la prison, je n’ai pas hésité une seule seconde. Je savais que ce serait quelque chose pour moi. J’ai été la seule à lever la main. Ce n’est évidemment pas un job banal. Lorsqu’on passe le seuil de la prison, on entre dans un autre monde. On y est totalement isolé du monde extérieur.
Si on ne le vit pas soi-même, il est difficile de s’imaginer comment les choses s’y passent vraiment. Ce sont tous des êtres humains et ce n’est pas parce qu’un jour on a choisi la mauvaise voie qu’on est mauvais. Bien sûr, certains faits pèsent plus lourds dans la balance que d’autres. Nous nous efforçons toutefois de ne pas nous focaliser là-dessus. Sinon c’est simple, on ne tiendrait pas le coup. Le job n’est pas facile, mais il apporte beaucoup de satisfaction.
La confiance est la clé
C’est justement parce que l’environnement de travail est si particulier, qu’il est important de pouvoir faire confiance à ses collègues. Pas seulement pour sa propre sécurité, mais aussi parce qu’il faut parfois pouvoir vider son sac. Notre équipe tient extrêmement bien la route et j’en suis heureuse. Sans une équipe soudée, on ne peut pas bien faire son travail en prison. Nous sommes vraiment tous là les uns pour les autres, de manière inconditionnelle. Il y a un an, j’étais à la mer quand un meurtre a été commis. Quand j’ai appris la nouvelle, j’ai immédiatement pris ma voiture et je me suis rendue chez une de mes collègues – qui, elle, était présente à l’époque – pour lui apporter mon soutien. Nous savons fort bien ce que nous pouvons attendre l’une de l’autre.
Apporter un soutien moral
Après toutes ces années, j’aime toujours autant ce que je fais. Ici, on peut signifier énormément pour quelqu’un. Pas seulement en l’aidant à reprendre le dessus physiquement, mais aussi en l’épaulant mentalement. L’autre jour, un jeune gars attendait dans le couloir pour une consultation. Un coup d’œil suffisait pour voir que c’était sa première fois en prison et qu’il était fort effrayé. Ça me brise tout de même un peu le cœur. Mais ensuite, je m’occupe de lui et je prends le temps de le rassurer. Je les vois alors parcourir tout un chemin les menant hors de la prison. C’est ce qui me motive.
Sans une équipe soudée, on ne peut pas bien faire son travail en prison.