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Table ronde : les atouts de l'administration fédérale comme employeur

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© Jeroen Vranckaert

Pour beaucoup de jeunes en fin d’études et de candidats à l'emploi, la fonction publique traîne encore une image de structure "lourde" et "administrative", où il est difficile de s'épanouir. Cette image correspond-elle à la réalité ? Absolument pas, comme l’a prouvé la table ronde récemment organisée par Jobat à ce sujet. Les intervenants suivants y ont participé: Inge Deblaere, directrice RH du VDAB, Luc De Bock, CEO du cabinet de conseil Probis ainsi que Lien Vermeire et Aurélie Damster, respectivement responsable de projet Diversité & Inclusion et spécialiste en communication RH au SPF Stratégie et Appui (BOSA) – Travaillerpour.be et représentant l’administration fédérale.

L'image du fonctionnaire aigris et bougon est en effet l'un des principaux obstacles à l’attraction de talents dans l'administration. Luc le reconnaît également. Son entreprise Probis réalise de nombreuses missions de consultance pour les autorités locales, ce qui lui a permis de connaître parfaitement ce milieu. "Lorsque les jeunes sortent de l'université, ils n’envisagent généralement pas de travailler au sein de l’administration, car ils ignorent en fait beaucoup de choses à son sujet. Souvent, les jeunes pensent que, dans l’administration, ils finiront automatiquement par occuper un poste administratif où il leur sera très difficile de progresser. Et c'est totalement faux. Une administration locale moyenne emploie 50 à 300 personnes. C’est comme une petite PME où il existe sans nul doute une dynamique similaire."

Inge, qui a travaillé dans le secteur privé avant de rejoindre le VDAB, réfute également l'image des emplois publics dépourvus de défis. "Les personnes qui travaillent dans le secteur public sont souvent les premières à réfuter cette idée. Lorsque nous demandons à nos collaborateurs pourquoi ils ont choisi le VDAB, ils répondent dans un premier temps que les éléments importants à leurs yeux sont, outre le contenu, la sécurité de l'emploi et les conditions de travail comme le travail hybride, mais ils attachent encore plus d’importance au dynamisme ainsi qu’aux possibilités de carrière et de formation."

Cependant, Inge admet qu'il existe toujours des "freins" inhérents au secteur public. Par exemple, les exigences en matière de diplôme et de statut entrent parfois encore en ligne de compte, tout comme la lourdeur des procédures de recrutement, même si la situation s’améliore. "Les offres d'emploi comportant des long textes que personne ne lit font partie du passé », déclare Luc. Je vois en effet de plus en plus de vidéos et d'impact des médias sociaux. C'est légitime : l'image de marque d’employeur devient de plus en plus importante pour l’administration également. Il faut mieux se vendre."

Motivations

Les personnes candidates à un emploi qui choisissent délibérément un poste dans la fonction publique évoquent souvent les mêmes motivations : la sécurité de l'emploi, certes, mais régulièrement aussi la recherche d'un emploi ayant un impact social et une "raison d'être". "Ces dernières raisons sont très souvent avancées", déclare Aurélie. "Ce sont les jeunes, en particulier, qui recherchent consciemment ces éléments. Il y a un an et demi, par exemple, nous avons mené une campagne d'emploi avec des membres du personnel dans le domaine de l’IT. Le fait que leur travail ait un impact considérable et que cet impact soit perceptible presque immédiatement est une raison que la quasi-majorité d’entre eux invoquent afin d’expliquer pourquoi ils travaillent pour l'administration. À cela s’ajoute également le bon équilibre entre vie privée et vie professionnelle."

Bien entendu, reste à savoir si le demandeur d'emploi moyen en est conscient. "Je ne pense pas", affirme Aurélie. "Le secteur public est en effet encore trop souvent associé à l'administration. On ne peut cependant pas parler d'une administration unique. Elle est en effet très vaste : elle s’étend de la sécurité sociale à la police en passant par l'armée ou encore la gestion des eaux et des ressources naturelles. Par exemple, tout le monde sait que l'AFSCA emploie des inspecteurs qui contrôlent les restaurants mais les gens ignorent souvent que le but de ces contrôles est de permettre d’avoir accès à des lieux de restauration servant des repas sains et sûrs. L'impact concret de l’administration est encore trop peu connu."

De nombreux demandeurs d'emploi invoquent souvent comme atout, en plus de l’impact social, la nature hybride et humaine d’un travail dans le secteur public. "Le réflexe de la présence absolue au bureau est en train de disparaître", déclare Luc. "Même si, bien sûr, il existe toujours une différence entre les directeurs des différents pouvoirs locaux. Tout dépend naturellement aussi de la fonction spécifique. Il est difficile de faire travailler à domicile des réceptionnistes ou des ouvriers. Mais pour quelqu'un qui doit rédiger un plan de politique de la jeunesse, c’est tout à fait possible. Cette prise de conscience est peut-être l'un des rares effets positifs de la période corona, alors qu’il y avait beaucoup de méfiance à cet égard auparavant."

Au sein de l’administration fédérale, le télétravail à 2/5ème était déjà possible avant le corona, mais il a été étendu à 3/5ème. "Le télétravail est à la fois un défi et une opportunité", déclare Aurélie. "La collaboration prévaut toujours, mais il arrive aussi que l'on se concentre davantage à la maison qu'au bureau. Il ne faut pas non plus oublier que certaines personnes touchées par l’exclusion numérique sont encore dans l'impossibilité de télétravailler. Nous essayons de les aider. Et il va de soi que le mode d’organisation des tâches pendant le télétravail varie également d'une équipe à l'autre."

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Tous les talents sont les bienvenus

Pour l’administration, le principe d'égalité des chances est la base absolue de tout recrutement. Tant au niveau de la sélection que du recrutement, cette égalité des chances est facilitée de manière délibérée, explique Lien. "Nous examinons les CV de manière anonyme, nous veillons à un équilibre des genres au sein des jurys, nous prévoyons la possibilité pour les personnes handicapées de demander à bénéficier d'une priorité à la sélection, nous organisons des sélections raccourcies pour les moins de 26 ans, etc. Plus généralement, nous évaluons davantage les compétences que l'expérience. La diversité est donc de plus en plus intégrée dans les procédures. Le secteur public croit au pouvoir de la diversité et de l'inclusion sur le lieu du travail et veut donner l'exemple en la matière."

L’administration fédérale (Travaillerpour.be) mène actuellement une campagne visant à mettre en évidence ce caractère inclusif, explique Aurélie. "Cette campagne a été lancée parce que nous voulons très explicitement refléter fidèlement la société. Nous utilisons également à cette fin d'autres canaux que ceux utilisés habituellement, afin d'atteindre tout le monde, et nous avons également nommé des ambassadeurs qui représentent tous les groupes de la population. L'objectif est de faire prendre conscience aux gens qu'ils ont de grandes chances de pouvoir prétendre à un emploi dans la fonction publique."

Le VDAB se fixe également des chiffres à atteindre pour différents groupes cibles. "Par exemple, en ce qui concerne les femmes occupant des postes de direction, nous nous en sortons plus que bien", déclare Inge. "Nous en sommes à 66 %. En général, nous sommes une entreprise assez "féminine". Pour le personnel atteint d'un handicap ou d'une maladie chronique, nous en sommes à 5 %, et nous comptons 14 % de travailleurs d'origine étrangère. C’est donc relativement bien pour le moment, même si ces pourcentages ne sont pas encore le reflet de la société. Occasionnellement, nous organisons aussi des procédures de sélection réservées en priorité à des candidats atteints d'un handicap ou d'une maladie chronique. Si aucun candidat ne convient, nous lançons alors une sélection ouverte à tout le monde".

Compétences

Les choses évoluent également au sein des autorités locales en termes de recrutement large et éclairé. "Les offres d'emploi du passé, très axées sur les diplômes, sont révolues", déclare Luc. "Le recrutement se fait de plus en plus sur base des compétences, et les connaissances sont acquises par la formation. Le rôle du diplôme diminue progressivement. Les valeurs sociales cheminent souvent plus rapidement dans les administrations (locales) que dans le secteur privé. Ainsi, l’administration obtient de très bons résultats en matière d'égalité des genres. À tel point que la balance commence déjà à pencher davantage du côté des femmes, même aux postes les plus élevés".

En ce qui concerne les candidats issus de l'immigration, Luc estime qu'il reste des points à améliorer. "À ce niveau-là, les tests ne sont pas toujours bien adaptés aux candidats. Les évaluations, par exemple, sont encore très souvent élaborées uniquement selon les valeurs et les mentalités occidentales. Concernant l’accès facilité à l’emploi pour les personnes handicapées, les pouvoirs locaux obtiennent généralement de meilleurs résultats que dans le privé, mais il reste difficile d’attirer ces travailleurs. Des règles en matière d’actions positives seraient certainement utiles à cet égard."

L'époque où l’administration utilisait des tests linguistiques trop pointus, même pour les locuteurs natifs, n'est pas non plus définitivement révolue, selon Inge. "C'est difficile quand plus d'un quart de la société est composé de personnes dont la langue maternelle n'est pas le néerlandais. C’est inimaginable à quel point on perd de la capacité de cette manière. Pour nous, ce n’est pas la langue qui constitue une barrière, mais bien le potentiel d'apprentissage. Néanmoins, une connaissance de base du néerlandais me semble indispensable. Je me mets également à la place des clients. Le fait qu'une personne ne parle pas parfaitement le néerlandais ne posera que très rarement problème. Il faut cependant toujours être clair dans sa communication et comprendre les règles de sécurité, par exemple".

Dérogations au diplôme

Le nombre de professions en pénurie sur la liste du VDAB s’élève aujourd'hui à 230. Environ un quart de toutes les professions suivies sont de ce type. La diversité et l'inclusion peuvent-elles constituer une réponse à ce problème ? "Il faut rester réaliste : on ne pourra pas toujours réaliser le rêve de former tout le monde "rapidement" afin de pourvoir des fonctions en pénurie", déclare Inge. "Ne serait-ce que parce que beaucoup de ces professions exigent des années d'études. Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas supprimer des barrières et que nous ne devons pas donner à ces professions une exposition positive. Par exemple, nous devrions être en mesure d'orienter beaucoup plus de personnes vers les professions liées aux soins et aux STEM. En interne, nous mettons en place des campus de talents dans lesquels nous donnons aux travailleurs la possibilité de se reconvertir, par exemple, en tant que chefs de projets ou analystes fonctionnels."

"Les postes à orientation plus sociale sont également très difficiles à pourvoir depuis plusieurs années", explique Luc. "Pensez, par exemple, aux travailleurs sociaux ou à tout ce qui a trait à la garde d'enfants. Les conditions de travail ne facilitent pas non plus les choses. Les horaires décalés, par exemple, sont un obstacle pour trouver du personnel."

Aurélie ne doit pas non plus chercher longtemps pour trouver des exemples. "Les douaniers, par exemple. En ce qui nous concerne spécifiquement, d'autres difficultés que le simple aspect de la pénurie entrent en ligne de compte. Par exemple, le fait que les néerlandophones soient toujours moins nombreux que les francophones à postuler chez nous. Pour certaines professions critiques, nous autorisons également des dérogations au diplôme afin de mettre l’accent principalement sur l'expérience des candidats. Nous nous engageons également en faveur de l'apprentissage sur le lieu de travail, par exemple pour les analystes fonctionnels. Actuellement, il s'agit encore d'un projet pilote avec des employés internes, mais nous avons l'intention de l'étendre prochainement à des candidats externes et à d'autres fonctions."

Parcours de carrière

L’administration fédérale encourage également les parcours de carrière personnels, ajoute Aurélie. "Si vous vous sentez bien dans votre travail et que souhaitez continuer à l’exercer pendant des années, cela ne pose aucun souci et cette possibilité doit exister. Et si, au contraire, vous souhaitez changer de poste toutes les x années et gravir les échelons, c’est une bonne option qui existe également. Il est par exemple possible d’assumer temporairement des fonctions au sein d'autres SPF. Nous aidons aussi activement les gens à faire ces choix et essayons de les soutenir dans leur démarche."

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